Selon l’Article 19 de la Convention Internationale des droits de l’enfant (20 novembre 1989), la maltraitance renvoie à « Toutes formes de violences, d’atteintes ou de brutalités physiques et mentales, d’abandon ou de négligences, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle ». Maltraitance faite aux enfants : repérer, comprendre, accompagner. Article écrit par Caroline Vieilleribière Psychologue et psychothérapeute sur Mont de Marsan
En France pour l’ODAS (Observatoire Décentralisé de l’Action Sociale) l’enfant maltraité est celui qui est « victime de violences physiques, cruauté mentale, abus sexuels, négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique. »
MALTRAITANCE : REPERER
Sur les 19000 enfants maltraités en 2013, ont été recensés 31% de violences physiques, 24% de violences sexuelles, 19% de violences psychologiques, 26% de négligences lourdes. Comment repérer la maltraitance faite aux enfants ?
Repérer les possibles manifestations cliniques chez l’enfant
Il n’est pas ici question de faire un résumé hâtif ! C’est plutôt l’occasion de savoir » quoi repérer ».
Ce qui doit alerter c’est la conjonction entre l’intensité, et la répétition de certains comportements ou une rupture comportementale soudaine.
Ainsi ce qui doit potentiellement interroger constitue ce que l’on appelle le syndrome de stress post traumatique chez l’enfant. (PTSD acronyme anglais, SSPT en français).Comment se manifeste t-il ?
Sur un premier point, l’enfant peut vivre des reviviscences : Le fait de revivre les scènes de violence « en boucle » sous forme d’image ou sous forme d’autres vecteurs sensitifs ( olfaction, toucher, etc…). Reviviscences=« flash back »
Sur un second point, il peut développer des évitements de toute nature : physiques, situationnels, cognitifs pour ne pas revivre les scènes traumatiques
Enfin il peut présenter un syndrome dissociatif : l’enfant se retrouve comme « éclaté » coupé de ses émotions ou hypersensible. Il peut avoir un ressenti de « déréalisation », de « dépersonnalisation ».
Parenthèse
Attention à ne pas confondre le syndrome de stress post traumatique avec l’expression de l’hyperactivité car il y a un ensemble de signes qui se confond comme :
Les difficultés de concentration, irritabilité, les troubles du sommeil, l’anxiété, des comportements perturbateurs, des troubles de l’attention.
Pour les différencier, questionner la présence autour de l’enfant de violence au sein de la famille ou en dehors…
Le syndrome de stress post traumatique chez l’enfant ressemble au syndrome de l’adulte. Il présente cependant des spécificités :
L’enfant peut (re)jouer les scènes de violence lorsqu’il joue ou par son comportement en dehors du jeu. Ces jeux sont répétitifs et varient peu dans le scénario.
Une chute brutale des résultats scolaires est fréquente.
Des comportements régressifs sont aussi observés selon l’âge de l’enfant ( demande à ne plus dormir seul, se remet à sucer son pouce…)
De façon plus intense que ce qui est normal chez la majorité des enfants, il peut présenter une faible tolérance à la frustration .
Sur un autre point, il peut s’inscrire dans une recherche et un rejet constant dans sa relation à l’autre.
Enfin parfois il est observé un émoussement affectif et/ou une anesthésie physique. Ce n’est pas les plus silencieux les moins atteints…
Maltraitance faite aux enfants : repérer, comprendre, accompagner…Il vous reste donc encore deux destinations.
COMPRENDRE SES CONSÉQUENCES SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT
Chez les plus petits
Avant 4 ans nous pouvons observer : un possible retard de croissance. De l’inattention, des perturbations alimentaires et du sommeil, un possible PTSD.
Entre 4 ans et 7 ans, nous pouvons noter : des actes d’agression de l’enfant sur ses pairs, de l’anxiété massive, parfois des actes de cruauté envers les animaux, une énurésie qui tarde à se régler, l’expression de la violence ( destruction de biens) et toujours un possible PTSD.
A l’orée de l’adolescence et après…
Entre 7 et 11 ans nous retrouverons l’ensemble des signes notés ci dessus en ajoutant : l’expression de l’agressivité qui peut envahir tous les champs de la relation à autrui. Une possible dépression, parfois un repli, une chute des résultats scolaires. Un manque de respect à l’égard de certains adultes. Toujours le possible PTSD.
A l’adolescence, toujours plus de symptômes! Ainsi se développe un manque d’estime de soi, parfois un absentéisme scolaire, des problèmes somatiques, des/une tentative(s) de suicide. Un manque de respect à l’égard d’autrui. Nous observons fréquemment un PTSD en sous bassement.
Enfin Le développement des addictions est fréquent pour pouvoir » se mettre la tête à l’envers », s’éviter d’y penser. Enfin les conduites à risque souvent fréquentes à cet âge mais elles masquent des envies de mourir bien réelles.
MALTRAITANCE : ACCOMPAGNER
Que l’on soit professionnel de santé ou particuliers il faut avoir en tête quelques éléments pour tenter de faire le moins mal possible
Vademecum de la juste posture
Créer un climat de confiance,
Poser systématiquement la question de la violence,
Affirmer l’interdiction des violences par la loi et la seule responsabilité de l’auteur,
Délivrer un message de soutien, de valorisation de sa démarche s’il a « brisé le silence »
Evaluer les risques encourus pour l’enfant ( Est-il exposé dans son quotidien, comment le protéger rapidement ?)
Informer et orienter la victime vers le réseau de partenaires.
Exemples de questions types
Ce type d’exercice ne s’improvise pas et doit se faire dans le respect de l’enfant et du cadre de la loi. Pour ceux qui s’y trouvent confrontés, n’intervenez pas seul, sachez partager vos doutes avec des professionnels qualifiés. Ces questions sont surtout non orientées
« Est-ce qu’il y a quelqu’un qui fait quelque chose que tu n’as pas aimé à l’école, dans la rue, à la maison ? »
« Je vois qu’il y a quelque chose qui est arrivé et qui te perturbe. Est ce que tu veux m’en parler ? »
« Je souhaiterais savoir comment cela se passe pour toi ? » « Qu’est-ce qui te fait peur ? te rend triste,… ? »
« Je m’inquiète pour toi à cause de tes absences scolaires répétées. »
« Je m’inquiète à ton sujet et au sujet des autres enfants lorsque tu les menaces. »
« J’ai constaté que tu avais des difficultés à te concentrer est-ce que tu peux me dire ce qui se passe ? »
Pour aller plus loin…
Maltraitance faite aux enfants : repérer, comprendre, accompagner…est-ce suffisant ?
La loi impose aux citoyens et aux professionnels de signaler les enfants en danger et ce jusqu’à 18 ans (art 434-1 et 434-3, art 226-13 sur la levée du secret professionnel)
En tant que particuliers ou professionnels de santé vous pouvez trouver des partenaires spécialisés (psychothérapeutes, psychologues…) qui pourront écouter vos doutes et relayer l’information si nécessaire. Vous pouvez identifier ces réseaux sur certains sites. N’hésitez pas à ouvrir l’onglet ressources du site il offre un bon exemple. Sachez bien vous entourer!
Concernant la prévention, des partenaires via internet proposent des supports très intéressants pour aborder la thématique de l’abus sexuel auprès des enfants. Que ce soit en prévention ou en repérage n’hésitez pas à vous en servir.
Nous avons sélectionné une base de données très pertinentes comme celle du site les apprentis parents. Le site « onnetouchepasici.org » avec un ensemble de préconisations et une petite vidéo : Kiko et la main.
Sur ce même sujet nous avons sélectionné une chanson pour la prévention de Maelle Challan Belval sur une musique de TOURIST. Ne pouvant les citer tous, nous terminerons par le site de Comitys qui regroupe des supports de qualité.
Soyez acteur assumé pour l’enfant potentiellement en danger. Car avant tout il est vulnérable aussi par l’âge.
Comment deviner ce qui se cache dans les silences quand on est tellement habitué à les laisser passer avec leurs cohortes d’anges et de questions dangereuses ?
Véronique Olmi dans Nous étions faits pour être heureux
Merci pour cet article très intéressant et les conseils qui y sont proposés
Merci pour ce partage . Je me retrouve dans cette lecture . J’utiliserais les informations afin de protéger et d’aider !
Excellent article que je partage également. Puisse-t-il aider et protéger…
Ping : Sommes nous tous traumatisés psychiques? Définition du traumatisme psy
Excellent article merci pour tous ces conseils et aidons nos enfants