Psychologue, psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute … on se perd rapidement sans boussole dans la planète des psys ! Alors que les médias parlent de plus en plus de la profession, il n’est pas évident d’identifier le métier : C’est quoi un psychologue ? Comment choisir son psychologue dans la diversité des formations ? Quand aller voir un psy ? Pour y voir un peu plus clair, nous allons questionner notre collègue, Caroline justement psychologue à Mont de Marsan et Pays Basque
Lorsque se pose la question de consulter un professionnel de santé pour des raisons qui tiennent à celles de l’esprit, il faut prendre son temps. Pourquoi consulter un psychologue ? Quelles sont les différences d’avec un psychothérapeute ou un psychanalyste? Écumer le bottin, privilégier le bouche à oreilles, comment choisir son psychologue ? Caroline Vieilleribière psychologue et psychothérapeute à Mont de Marsan accepte de répondre à cette question
C’est quoi un psychologue ?
Le psychologue est une personne qui a suivi une formation universitaire niveau master 2 ( Bac+5 minimum) en sciences humaines. Il n’est donc pas médecin et n’a pas la compétence pour prescrire des médicaments. Le psychiatre quant à lui est avant tout un médecin qui peut donc prescrire des traitements. Les approches peuvent être parfois très complémentaires.
Le psychologue qui exerce auprès du public doit avoir un numéro ADELI délivré par l’ARS. Ce numéro permet de l’identifier en tant que professionnel légalement diplômé. Ainsi la démarche de l’ARS est de s’assurer que le professionnel en question est bien diplômé. Finalement cela permet au futur patient de ne pas tomber sur un professionnel autoproclamé.
En France, il n’y a pas d’ordre des psychologues. Les pratiques professionnelles ne sont donc pas encadrées dans leur exercice.
Sur un autre point, il est important de savoir que les consultations ne sont normalement pas remboursées. Cependant dans certaines régions (dont les Landes), un dispositif expérimental est mis en place pour permettre l’accès aux soins pour tous. Sous réserve de rentrer dans les critères posés par l’ARS pour bénéficier de cette prise en charge, cela permet à une grande majorité de pouvoir rencontrer un professionnel. Renseignez-vous !
Enfin de plus en plus de mutuelles proposent la prise en charge d’un certain nombre de consultations. Au delà de cela, certains corps de métier sont accompagnés par des dispositifs étatiques qui permettent l’accès au soutien psychologique auprès de libéraux référencés. Finalement cela allège la prise en charge d’un point de vue économique. Le(s) psychologue(s) mis dans la boucle sont rapidement disponibles.
Personnellement je rencontre par ce type de dispositif, le personnel militaire de la région Grande Aquitaine, les professionnels du milieu agricole notamment.
Enfin les psychologues sont soumis à un code de déontologie qui intègre des règles précises concernant sa posture professionnelle.
Psychologue : une diversité de formations
Il existe différentes branches : la psychologie clinique ( celle qui est au chevet du patient), la psychologie du développement (celle qui étudie le développement du fonctionnement humain), la psychologie sociale (celle qui interroge les relations entre la personne et son environnement, ses interactions avec les autres, les groupes etc…), enfin la psychologie des organisations (celle qui intègre l’organisation du travail et du rapport de l’individu sur son poste de travail et dans son évolution professionnelle) pour citer les plus connues.
Enfin, durant son parcours, le psychologue peut faire le choix de se former à des outils d’évaluation du fonctionnement psychologique. C’est ainsi que certains évoquent les tests de mesure du Q.I (quotien intellectuel), du Q.E (quotien émotionnel), les tests projectifs (le Rorschach c’est à dire les fameuses tâches d’encre, etc…). Je réduis volontairement les exemples pour ne pas submerger votre attention !
C’est quoi un psychothérapeute ?
Le psychothérapeute accompagne le patient dans une démarche de soin plus approfondie. C’est quoi la psychothérapie ?
Le titre de psychothérapeute fait désormais partie des titres psy protégés par l’Etat en France, à l’instar de celui du psychologue et du psychiatre. Cette situation est toute récente. Sa publication date seulement de 2012 !
Qui peut porter le titre et sous quelles conditions ? Concrètement et schématiquement, le titre de psychothérapeute ne peut être demandé que par les psychologues, les psychanalystes membres d’une association reconnue, et … les médecins.
Ce titre nécessite une formation théorique (400h) et pratique (5 mois de stage) délivrée par une université. Cependant, les professionnels qui exercent depuis plus de cinq ans, peuvent en bénéficier sous certaines réserves. Enfin, toute personne souhaitant porter le titre de psychothérapeute ou l’affichant publiquement doit être régulièrement inscrite au registre national des psychothérapeutes.
Soyez vigilant ! Demandez au psychothérapeute sa formation initiale ! Psychiatre, psychologue ? C’est comme cela que des personnes s’auto-proclament dans ce domaine. Je vois trop régulièrement de patients qui ont fait de mauvaises rencontres sur ce sujet.
Cependant je demeure convaincue que ce titre peut être mis en valeur par d’autres professionnels dont les infirmiers. J’ai des collègues que j’encourage à passer le cap ! Certes, sous réserve d’une formation pour accéder au titre. J’ai toujours travaillé en logique pluridisciplinaire. En somme votre psychothérapeute à mon sens doit être dans sa formation première professionnel de santé.
C’est quoi un psychanalyste ?
Vous y êtes ! C’est le professionnel qui est souvent caricaturé ! Celui qui invite son patient à s’allonger sur un divan. Son accompagnement est celui de la cure analytique. Kézako ? C’est une approche qui repose sur les théories de la psychanalyse. Ces théories analysent le patient sous le postulat de l’inconscient, le complexe d’œdipe, l’existence de fantasme, etc…
Certains psychologues, psychiatres, psychothérapeutes font ce choix d’approche pour eux même. J’entends ici pour eux même, c’est à dire à la place du patient. C’est toujours intéressant à mon sens d’être ouvert à différents courants. Mieux se connaitre pour être plus à l’écoute des autres!
Comment choisir son psychologue ?
Les patients qui viennent me voir sont souvent orientés par le bouche à oreille. Cependant en tant que patient ce n’est pas toujours possible ! Quelque soit la discipline. Lorsque l’on arrive dans une nouvelle région par exemple.
Je conseille alors de demander à des professionnels de santé si vous en avez dans votre circuit. C’est indirectement une façon de rencontrer un psychologue (re)connu par ses pairs. Personnellement j’oriente mes patients uniquement vers des professionnels de santé dont je connais la pratique. Il ne s’agit pas ici d’une démarche clientéliste. J’ai assurément besoin que mes patients soient bien suivis. Il m’arrive aussi, si je ne connais pas les professionnels vers lesquels j’oriente mes patients, de les rencontrer avant. J’interroge aussi mon réseau lorsqu’il est question de prise en charge un peu spécialisée.
Enfin je trouve intéressant d’aller voir un professionnel aussi lorsque l’on a identifié les méthodes qu’il utilise. J’entends par méthode le type d’approche. Elles sont en générale regroupées en 5 grandes familles :
- D’inspiration psychanalytique (cf le divan)
- comportementales et cognitives ( les fameuses TCC et ATC,)
- Systémiques familiales
- Psycho-corporelles ( via la relaxation par exemple, la méditation)
- Humanistes
De plus, on peut y ajouter des méthodes qui sollicitent des états de conscience modifiés (hypnose, méditation…), les médiations animales ( thérapies incluant la relation avec les animaux telle l’équithérapie…).
Ainsi comme l’indique Richard Meyer : Les méthodes développées sont de plus en plus pointues, pour des diagnostics eux-mêmes de plus en plus précis, c’est par exemple le cas de l’EMDR pour traiter le syndrome post traumatique, de la désensibilisation systématique pour soulager l’anxiété ou encore de la thérapie systémique pour les troubles familiaux.
Quand consulter un psychologue ?
Osez franchir le pas ! A mon sens, il n’est jamais trop tard. Humainement je préfère travailler en terme de prévention. C’est ainsi qu’il m’arrive de recevoir des personnes en amont de difficultés. Ainsi nous pouvons établir » un plan de route » pour éviter que le malaise ressenti devienne plus important.
Cependant dans la majorité des cas , je travaille aussi beaucoup lorsqu’il est question de crise. La crise c’est le moment où on ne sait plus comment avancer. Ce temps est souvent celui de l’expression maximale des troubles. Cependant cela n’est aucunement négatif. Venir en état dépassé, c’est faire le choix de venir quand même. Ce n’est jamais trop tard donc pour aller mieux.
Travaillant beaucoup sur le PTSD, l’état de stress post traumatique (en français), je peux en témoigner. Venir à proximité d’un événement dont on ne semble pas se remettre c’est mieux. Mais venir en consultation des années après c’est possible aussi. Je souhaite passer un message fort et positif pour ceux qui ont perdu espoir sur ce sujet.
Psychologue la juste posture professionnelle
Nous communiquons peu sur ce que le patient apporte aussi au psychologue. Personnellement je pense être humainement enrichie par mes rencontres. Elles s’effectuent en terme de soins mais aussi d’humain à humain. Sur un autre point, je souligne l’apport de nos étudiants. stagiaires. Certes, ils sont par définition sans expérience. Cependant ils permettent une remise en cause, une obligation de congruence, une exemplarité. J’ai un souvenir assez ému de mes formateurs. J’ai eu la chance d’être bien accompagnée durant mes formations. Je souhaite m’inscrire dans cette belle transmission qui n’en demeure pas moins exigeante !
J’invite la jeune génération (pour moi la relève) à se donner les moyens d’être congruente aussi vis à vis de soi et de ses patients. Aujourd’hui les psychologues en activité n’ont aucune obligation de travailler sur leur savoir-être par des obligations de régulations professionnelles notamment. Faire une démarche pour mieux se connaitre et de ce fait, avoir une lecture de soi-même optimisée me parait important. Car même si nous ne sommes pas psychologues dans la vraie vie ( on ne peut pas être le thérapeute de ses proches) nous pouvons nous donner les moyens d’être pour nous-même, le moins possible, empêchés par nos propres insuffisances.
Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. Gandhi
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